Ils respirent depuis longtemps…La Maison de santé d’Echirolles (38), nommée « Le village de santé », est un centre de santé communautaire autogéré. Il est un lieu de vie et de soins à destination des habitants du quartier où est implantée la structure. L’association porteuse du projet a été créé en 2012, par de jeunes médecins voulant s’installer, et dans l’idée de faire médecine autrement. Après un long travail de terrain, de diagnostics communautaires dans le quartier, Le village 2 santé a ouvert en 2019.
Ce centre, par son fonctionnement et son infrastructure, favorise les espaces de parole et d’action pour permettre aux personnes de retrouver le pouvoir d’agir, de la dignité et de défendre leurs droits. Il adopte une approche très globale de la santé et de l’accompagnement des personnes. Ce lieu de vie et de soins à destination des habitants du quartier, prône un meilleur accès à une bonne santé pour tous, des soins primaires de qualité, des activités de promotion de la santé, le soutien à l’accès aux droits, et lutte contre les inégalités sociales et discriminations, et un accueil convivial : « Ici le soin commence dès l’accueil », commente un usager du centre de santé.
En effet, l’ensemble des relations est organisé pour qu’il n’y ait pas une place de secrétaire gérant l’administratif, des infirmiers s’occupant de soins paramédicaux, les médecins pratiquant la médecine, et les autres ! Chacun fait partie d’un tout sans distinction d’importance dans ses missions, dans ses qualifications ou dans son sa légitimité à faire partie du collectif de professionnels. Cette approche pluridisciplinaire et égalitaire se formalise par l’égalité des salaires. Qu’ils soient médecins, coordinateur médico-social ou psychologue, chacun perçoit la même rémunération.
L’établissement fonctionne avec un statut autogéré et coopératif. L’ensemble des salariés revendique cette organisation égalitaire et autogestionnaire. Concrètement cela représente la création d’un ordre du jour participatif, la rotation des tours de prise de notes, des prises de décisions en consensus, etc. Pour associer travail et autogestion, un salarié consacre 10h par semaine à l’autogestion et 25h par semaine à son activité propre. L’autogestion est pour la majorité, la découverte de l’intelligence collective, et de la force du groupe.
Comment une entreprise d’aide et de soins à domicile s’engage pour le bien-être de ses salariés et de ses patients ?
Ils sont chargés en oxygène… Alenvi est une entreprise d’aide et de soins à domicile depuis 2019. L’entreprise a choisi un statut de société à mission. Ce statut a été créé en 2019 avec la Loi PACTE 1, pour la croissance et la transformation des entreprises, qui redéfinit les pratiques de l’entreprise pour lutter contre les dérives actionnariales et restaurer son rôle de construction du progrès collectif et du bien commun. Afin de devenir une société à mission, une entreprise s’engage à inscrire dans ses statuts sa raison d’être ainsi qu’un ou plusieurs objectifs sociaux et environnementaux. Elle met également en place un dispositif de gouvernance spécifique avec un comité de mission qui est exclusivement chargé du suivi de la mission et qui vérifie que chaque décision soit prise en tenant bien compte des critères sociaux et environnementaux et rédige un rapport annuel, ainsi qu’une évaluation par un Organisme Tiers Indépendant (OTI)2.
De plus, Alenvi constitue des groupes de professionnels, de 6 à 8 personnes, en autogestion. Ce sont principalement des auxiliaires de vie qui gèrent les plannings des salariés et des personnes accompagnées, le recrutement des pairs, le suivi qualité et les relations avec les partenaires. Ce dispositif redonnant responsabilité et autonomie aux salariés, augmente leur bien-être au travail et de fait, leur implication. Le taux d’absentéisme est très faible et la satisfaction des personnes accompagnées est très bonne.
Pour être garant du sens de son statut de société à mission et s’engager dans le temps et ses valeurs, Alenvi a inscrit sa raison d’être et ses objectifs dans son statut et les applique sur 8 structures à ce jour. : « humaniser l’accompagnement des personnes qui ont besoin d’aide ou de soin, en valorisant les professionnels, et en réconciliant les enjeux humains et économiques du secteur ». Cette raison d’être est le vecteur principal de la structuration organisationnelle de l’entreprise où les impacts sociaux et la rentabilité économique se réconcilient.
APF France handicap s’engage pour la qualité de vie de ses salariés avec des actions concrètes
Un air nouveau dans l’organisme… Les régions Pays de la Loire et Centre d’APF France handicap s’engagent. Ils jouent sur tous les espaces avec de petites actions : « Les petits changements font les grands tout », confie Pascal USSEGLIO, Directeur Régional Centre APF France handicap.
Le pôle adultes 44 de la Région Pays de la Loire APF France handicap s’oxygène à nouveau avec délicatesse, engageant une véritable évolution vers une dynamique de promotion et d’attractivité de leurs services. Ces engagements stratégiques pour la qualité de vie et les conditions au travail se concrétisent par des actions ponctuelles envers les salariés. Par exemple, les auxiliaires de vie du service d’aide à domicile (SAAD) se sont vu attribuer un « kit canicule » (gourde, brumisateur, lingettes, éventail, casquette, etc.) en juillet 2022, en vue de les aider à faire leurs tournées d’accompagnement en souffrant moins de la chaleur. Ce simple geste a motivé beaucoup de salariés et ils se sont sentis reconnus : « C’est vraiment super ce petit sac ! On sent bien que la Direction pense à nous et qu’on est important au Pôle ! On a vraiment le sentiment d’avoir un rôle précieux », O.L., un auxiliaire de vie.
Également, les tournées du SAAD devaient être repensées complètement. Pour ce faire, des auxiliaires de vie expérimentées et volontaires ont été détachées du terrain pendant plusieurs jours afin de travailler en groupe sur la refonte des tournées : « Notre expérience compte vraiment quand on nous demande de l’aide. On se sent utile et ça motive », N.G., auxiliaire de vie.
Depuis quelques semaines, le mardi, quelques salariés administratifs participent au « mardYnamique ». Ils se retrouvent le matin à 8h15 pour une séance de 30 minutes de gymnastique de prévention des troubles musculosquelettiques, animée par un kinésithérapeute du quartier. Ces séances sont sur le temps libre du salarié. Elles engagent chaque participant dans une activité collective et dynamique, pour se faire du bien, avant de se mettre au travail. Le deuxième rendez-vous de ce « mardynamique » est à 13h30. Les salariés volontaires (6 maximum) se retrouvent après le déjeuner et vont marcher activement pendant 30 minutes : « Le quartier n’est pas très sympa, mais je découvre mes collègues autrement et je suis en pleine forme pour reprendre le travail », F.T., assistante sociale.
A l’échelle de la région, Pascal USSEGLIO, Directeur Régional Centre, impulse depuis 4 ans de nouvelle attention envers ses équipes de professionnels. Passant d’un management de contrôle étouffant de résultats, qualité et objectifs, et ancré dans les traditions, à un management de confiance : « Il ne faut pas juste enrober un système managérial et faire semblant. Le management est un levier général puissant qui peut rendre l’environnement de travail attractif, sain et engageant. En développant la confiance à priori comme principe managérial, l’énergie change de camp. Cela permet de changer la façon de mettre en oeuvre les mouvements et les relations. Autonomes, les différentes parties prenantes s’engagent dans une dynamique collective, de petits actes simples et concrets qui changent beaucoup de choses. » Pascal USSEGLIO. Pas encore transformées mais déjà bien engagées dans l’évolution, les régions Centre et Pays de la Loire d’APF France handicap constatent déjà moins de départs de professionnels et plus d’engagement des salariés en poste.
Petits souffles éparpillés ou grande réanimation respiratoire, de nombreuses organisations s’engagent dans l’évolution de leur gouvernance ou de leur structuration générale. Le plus souvent impulsées par une personne qui souhaite passer des paroles aux actes, les évolutions organisationnelles passent par l’adhésion et la motivation du collectif, et souvent, par un accompagnement externe spécialisé.